FAQ : Opioïdes, surdose (overdose) et naloxone

Les opioïdes sont des substances qui se lient à des récepteurs situés dans le cerveau. Ils peuvent être d’origine naturelle (extrait des gousses du pavot commun, p. ex. morphine, codéine), synthétique (fabriqué en laboratoire, p. ex. fentanyl) ou semi-synthétique (dérivé d’un opioïde naturel, p. ex. héroïne, oxycodone).

Les opioïdes d’origine pharmaceutique doivent être prescrits par un professionnel de la santé et sont généralement utilisés pour soulager la douleur aigüe ou chronique ou pour traiter la dépendance aux opioïdes (p. ex. méthadone), mais ils peuvent aussi être utilisés dans d’autres contextes (diarrhée, toux).

Les opioïdes utilisés de façon récréative peuvent être des produits pharmaceutiques qui ont été prescrits et dont l’usage a été détourné ou qui ont été volés, mais la majorité provient du marché noir et a été fabriquée dans des laboratoires clandestins.

Au cours des dernières années, des opioïdes extrêmement puissants destinés aux animaux (p. ex. le carfentanyl, qui est 100 fois plus puissant que le fentanyl) et des opioïdes de synthèse de la classe des nitazènes (développés pour les humains mais jamais commercialisés) ont été retrouvés dans les drogues illicites vendues au Canada et ont été associés à des décès.

Une intoxication survient lorsque deux conditions sont réunies :

Un opioïde légal est pris de manière inadéquate (p. ex. non-respect de la posologie, prise non conforme aux recommandations, prise du médicament de quelqu’un d’autre) ET il cause un problème de santé grave.

Une intoxication peut aussi survenir lorsqu’on consomme une drogue illicite qui contient un opioïde trop puissant ou en trop grande quantité. Même une très petite quantité d’opioïde peut entraîner une surdose mortelle chez une personne qui n’en a jamais consommé auparavant.

• Difficulté à marcher, à parler ou à rester éveillé
• Coloration bleue, violette ou grise des lèvres ou des ongles (cyanose)
• Somnolence extrême (difficulté à rester éveillé ou perte de conscience)
• Respiration lente, faible ou inexistante
• Pupilles très petites
• Peau froide et moite
• Étourdissements et confusion
• Bruits de suffocation, gargouillements ou ronflements
• Incapacité à se réveiller, même si secoué ou avec un grand bruit (ex. : un cri)
• Corps flasque et immobile

Bien utilisés, les opioïdes prescrits pour soulager une douleur sont efficaces et sécuritaires. Comme pour tout autre médicament, il est important de respecter certaines consignes pour réduire les risques associés à une utilisation inappropriée.

• Respectez la fréquence des prises et les doses prescrites. 
• Ne prenez pas les médicaments de quelqu’un d’autre et ne partagez pas vos médicaments, opioïdes ou autres, avec une autre personne.
• Rapportez à votre pharmacie les médicaments non utilisés ou arrêtés par votre médecin pour éviter la confusion.
• Évitez de prendre des médicaments qui ne vous sont plus utiles.
• Sensibilisez vos proches sur le risque de prendre des opioïdes qui ne leur sont pas prescrits.
• Gardez vos médicaments hors de la portée des enfants et utilisez des contenants à leur épreuve.
• Demandez une trousse de naloxone à votre pharmacien et indiquez à vos proches où elle se trouve et comment l’utiliser.

Les utilisateurs de drogues illicites doivent aussi faire preuve de prudence, car les drogues vendues sur le marché noir peuvent contenir autre chose que ce qu’ils pensent avoir acheté. Dans une optique de réduction des méfaits, la santé publique recommande généralement de :

• Ne pas consommer seul(e), si possible.
• Utiliser les services de vérification des drogues offerts notamment par les centres de consommation supervisée, s’ils y ont accès.
• Se procurer de la naloxone et apprendre à l’utiliser.

La naloxone est un antidote utilisé pour renverser l’effet d’une surdose d’opioïdes. Elle n’est pas efficace contre une surdose causée par d’autres substances, comme les stimulants, les benzodiazépines ou l’alcool. Au Canada, la naloxone est offerte gratuitement par l’entremise des pharmacies et des ressources communautaires qui offrent du soutien aux consommateurs de drogues.

Si vous utilisez des opioïdes ou êtes en contact avec des personnes qui consomment des opioïdes, vous pouvez recevoir une trousse gratuitement auprès de votre pharmacien ou dans une ressource d’aide aux consommateurs de drogues, comme un centre de consommation supervisée. Selon votre province de résidence, certaines exigences ou restrictions peuvent s’appliquer, notamment en lien avec l’âge et le besoin de s’identifier.

Où se procurer de la naloxone dans chaque province et territoire

• Conservez la naloxone à une température modérée et la protéger de la lumière.
• Notez la date de péremption afin de remplacer la trousse en temps opportun. En cas d’urgence, il est possible d’utiliser un produit expiré. Il pourrait être moins efficace, mais il peut tout de même aider en attendant l’arrivée des secours.
• Gardez la naloxone dans l’emballage original jusqu’à son utilisation.

La naloxone existe sous deux formes, soit la forme injectable (dans un muscle) et la forme intranasale (administrée par un vaporisateur nasal).

Le vaporisateur de naloxone intranasal est déjà prêt à l’emploi. Il suffit de placer l’embout dans une narine et d’appuyer sur le piston. La naloxone injectable nécessite de préparer la dose à partir d’une ampoule et d’une seringue (fournies dans la trousse), puis de l’injecter dans le muscle de l’épaule ou de la cuisse.

En raison de sa facilité d’utilisation, la naloxone intranasale est souvent privilégiée pour les personnes qui prennent des opioïdes sur prescription ou qui consomment des opioïdes illégaux de façon occasionnelle. Les utilisateurs réguliers d’opioïdes illégaux sont beaucoup plus à risque de surdose. Chez ceux-ci, on privilégie parfois la naloxone injectable.

Conseils importants

• Assurez-vous de bien comprendre quand et comment utiliser la naloxone. Votre pharmacien ou intervenant vous expliquera toutes les étapes au moment de vous remettre la trousse.
• La naloxone n’est efficace que pour les opioïdes. Ceci dit, il n’est pas dangereux d’en administrer si vous n’êtes pas certain de ce que la personne a consommé.
• Appelez d’abord le 911 ou demandez à quelqu’un de le faire pendant que vous administrez la naloxone. Même si la personne en surdose réagit à l’administration de naloxone, il est important d’appeler les secours. Cet antidote n’agit que pendant 20 à 90 minutes, ce qui peut être plus court que les effets de l’opioïde consommé. La personne est donc à risque de refaire une surdose lorsque les effets de l’antidote se dissiperont. 
• N’hésitez pas à porter secours. La Loi sur les bons samaritains apporte une certaine protection juridique pour les témoins ou victimes de surdose, telle qu’une immunité contre des accusations de possession d’une substance illégale. 

• Si vous prenez un opioïde de façon chronique et que vous vous sentez prêt à l’arrêter ou à diminuer la dose, demandez à rencontrer votre pharmacien qui pourra vous suggérer des médicaments ou des traitements alternatifs ou complémentaires.
• Les pharmaciens peuvent vous aider à trouver une ressource d’aide dans votre communauté si vous avez un problème de consommation et vous soutenir dans vos démarches si vous désirez arrêter.